Même oubliée, une douleur familiale peut influencer la descendance
- Audrey Gauduchon
- 11 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours
Suite à l'article précédent sur la construction d'une croyance et sa transmission, je développe ici l'aspect de la transmission et de l'oubli des origines d'une croyance. Je remercie Jean-Baptiste Souart de m'avoir suggéré l'idée de cet approfondissement, que je n'avais pas détaillé, mais qui s'avère pourtant très intéressant.
Alors reprenons :
Une croyance se construit souvent là où la douleur laisse une empreinte. Elle s'imprime dans la psyché, venant justifier l'insupportable. Puis se transmet de génération en génération comme une vérité. La croyance finit par se détacher de l’événement qui l’a fait naître, mais continue d’imprégner les comportements, les paroles et les choix. L'origine oubliée, nous ignorons même qu'une croyance est à la manœuvre.
Lors des décodages transgénérationnels, un événement marquant, souvent douloureux, resté silencieux, qui s’inscrit dans l’inconscient familial s'appelle un « programmant ». Il est agissant et c'est lui qu'il faut trouver pour faire s'effondrer le système de croyances et les comportements associés afin d'en libérer son porteur. L'observation des marqueurs et le prisme du langage symbolique permettent de remonter au programmant. On examine et décode les dates, les prénoms, les métiers, les maladies, les peurs étranges, les phobies , des interdits implicites, des réactions disproportionnées, les schémas récurrents...etc. Un vaste travail d'enquêtes passionnantes !
Mais, aujourd'hui, j'ai simplement envie d'illustrer mon propos à travers un conte* qui montre comment un événement douloureux peut « programmer » la descendance... Jusqu’au jour où la souffrance pousse quelqu'un à se questionner et à vouloir mettre un terme à sa douleur.
Il était une fois...
...un jeune garçon parti flâner hors du village, nez au vent. Sa jeunesse, curieuse de tout et d'aventures en particulier, l'avait mené sur les rochers surplombant le lac. Il fit une chute malheureuse, tomba dans l'eau et se noya. Il était le fils du chef du village et ce fut grand malheur que cette mort-là !
Le chef interdit à son autre fils de s'approcher de « ce maudit lac » comme il l'appelait désormais. « Ce lac est dangereux ! Ni jeu, ni pêche ! Gardes toi d'y mettre les pieds ! ». Ainsi fut fait ; le fils n'y alla jamais. D'ailleurs personne n'y allait. Le lac était maudit, disait-on ...

Le temps passa, enfouissant la douleur dans le silence des cœurs inconsolables. Le chef mourut à l'âge des cheveux blancs. Son fils devint chef et père. A son tour, il interdit à son fils de s'approcher du lac. « Ses eaux sont mauvaises ! Ni jeu, ni pêche ! ». Ainsi fut fait ; le fils n'y alla jamais.
Le temps passa et personne n'allait au lac. Le lac est mauvais, rien de bon peut en sortir, disait-on.
Vint le temps des cheveux blancs, le vieux chef mourut. Son fils devint chef et père. A son tour, il interdit à son enfant de s'approcher de ce « maudit lac ».
Puis le temps passa, le fils devint le chef. Plusieurs générations se succédèrent . On disait toujours que des eaux du lac rien ne bon ne sortait. Ni jeu, ni pêche. On disait que, quand un enfant mourrait, c'était l’esprit du lac qui venait le chercher. Pourquoi disait-on cela ? Nul le savait. Certains haussaient les épaules : « Superstitions de bonnes femmes! ». D'autres se signaient nerveusement pour conjurer le mauvais sort.
Le temps passa.... jusqu'au jour où la région fut frapper de famine. On mourrait de faim au village. Pourtant le lac regorgeait de poissons bien gras ! Mais nul n'osait s'y aventurer. La fille du nouveau chef, voyant les reflets d'argent frétiller à la surface l'eau, décida que, plutôt que de mourir, elle goûterait cette chair. Elle attendait un enfant et se refusait de périr sans rien tenter. Elle osa braver l'interdit et fut la seule de son clan à survivre. L'enfant naquit, sain et sauf.
Depuis le mauvais esprit du lac a disparu.... et le lac est redevenu un simple lac.
Si ces mots ont résonné en vous et que vous souhaitez aller plus loin dans l’exploration de votre histoire intérieure, je vous propose des consultations personnalisées pour vous accompagner pas à pas.
* Cette histoire est inspirée d'une fable tirée de l'ouvrage Petites et grandes fables de Sophios, que j'ai réécrite à ma manière
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