La Légende raconte...
Trois enfants partis glaner aux champs, surpris par la nuit, ne trouvent plus le chemin du retour.
Ils frappent à la première porte venue.
C'est Pierre Lenoir, boucher de son état qui leur ouvre.
« Entrez entrez petits enfants vous mettre au chaud ».
Sitôt la porte fermée, à l'aide de son grand couteau, le boucher tue les malheureux,
il les découpe en morceaux pour remplir son saloir.
Saint Nicolas, à califourchon sur son âne, passe par là et frappe à la porte.
Embarrassé, le boucher accueille l'illustre visiteur : on ne calque pas sa porte au nez d'un évêque !
-"Voulez vous dîner monseigneur ? " demande le boucher affable.,
- "Je prendrais bien du petit salé !" répond l'évêque.
Le boucher comprenant qu'il est découvert tombe à genou et avoue tout.
Saint Nicolas pose alors trois doigts sur le bord du tonneau et voici les trois enfants reconstitués et ressuscités :
Le premier dit: « J'ai bien dormi ! »
Le second dit: « Et moi aussi ! »
Et le troisième répond :« Je croyais être en paradis ! »
Saint Nicolas enchaîne Pierre Lenoir, le terrible boucher, à son âne pour le garder auprès de lui .
Depuis on a oublié son nom mais il est celui qu'on appelle: Père Fouettard, ou Ruprecht ou Krampus !
Mi homme, mi bête, cornu, longue langue pointue, jambes de bouc,
c'est lui qui punit les enfants désobéissants ; il les fouette et les emporte dans son sac!
Quand Saint Nicolas , barbe blanche, chasuble rouge et crosse à la mains, récompense les gentils enfants en leur offrant des cadeaux et des friandises.
En observant les arcanes du Tarot de Marseille on peut faire un rapprochement, aussi bien symbolique qu'iconographique, avec cette légende.
Le Pape, figure protectrice et bienveillante, encourage à suivre la voie du Cœur, celle de la bonté et de la sagesse. Il invite aussi à une certaine discipline et au respect des transmissions « venant d'En-Haut ». Mais parfois il peut représenter un chemin de conformité où les normes et les principes érigés en dogmes nous enferment dans une vision rigide et inflexible.
Le Diable, figure transgressive et provocatrice, qui révèle les instincts, les pulsions, les appétits insatiables, nos asservissements aux plaisirs et la soif dans nos intérêts personnels. Mais qui met aussi en lumière nos chaînes intérieures et nous rappelle l'importance de la liberté individuelle, d'affronter nos ombres et nos illusions égotiques.
Ce sont deux facettes complémentaires d'une même énergie qui nous poussent à évoluer :
Le Pape/Saint Nicolas incarne une énergie d’élévation, de structure et de transmission. Il guide vers la lumière en cultivant la sagesse, la foi, et les valeurs morales. C’est la force qui nous connecte à ce qui est plus grand que nous et qui donne du sens à nos actions en indiquant la Voie du Cœur.
Le Diable/Krampus, lui, incarne une énergie brute, instinctive et transgressive. Il confronte aux aspects refoulés ou non maîtrisés, à nos désirs et à nos ombres. C’est une énergie qui libère des illusions et des conditionnements en brisant les chaînes de la conformité. C'est un gardien de seuils qui nous interrogent sur nos véritables motivations et nous poussent à ne pas être le jouet de nos désirs.
Le Pape sans le Diable risquerait d’être rigide ou dogmatique, tandis que le Diable sans le Pape pourrait sombrer dans le chaos.
Regard psychogénéalogie
Le Pape, dans la lumière, est le bon père qui incarne le père spirituel plein de conseils avisés pour ses enfants. En qui on a confiance et qui transmet avec bienveillance. Dans l'ombre il est le père moralisateur et exigeant qui ne reconnaît pas ses enfants. Qui n'a de père que la posture d'un patriarche qui veut de « bons » enfants pour être un bon pour nourrir son besoin de perfection.
Le Diable, dans l'ombre, est un père en qui on n'a pas confiance , qu'on craint; irresponsable et manipulateur parfois despote. En prise avec ses pulsions, ses obsessions. Dans la lumière, il peut être ce père qui encourage à l'acceptation de soi, au dépassement de nos peurs. Il invite à s'affranchir des conditionnements qui étouffent notre force de vie et à découvrir notre vérité personnelle.
Ce que dit la Tradition
Je termine cette réflexion en me tournant vers l'auguste figure du Père Noël.
Le père venu du ciel, venu du Nord, qui apporte des cadeaux. Quand on explore les traditions pré-chrétiennes on découvre des mythes aux coïncidences troublantes. Les fêtes chrétiennes de Noël ont recouvert les célébrations païennes du Solstice, en en épousant les contours. Mais le Père Noël est assurément païen et n'a eu jamais sa place dans les églises. Une effigie de ce barbu vêtu de rouge fut même brûlé sur un parvis d'église dans les années 50. Alors qui est il? Un peu de Saint Nicolas/ Santa Klaus certes mais pas que....
On raconte que, pendant la nuit de Yule, Odin, vénérable barbu, autant aimé que redouté, parcourait le ciel chevauchant Sleipnir son fabuleux cheval à huit pattes. Ses corbeaux lui avaient indiqué qui avait bien agi. Odin déposait alors dans leur bottes quelques bienfaits. Et ceux qui avaient mal agi recevaient une grosse poignée de cendre !
A moins que ce ne soit son frère, Heimdal, gardien de l'ordre sacré, habitant au Pôle Nord, qui voyait et entendait tout, chevauchant Gulltoppr à la crinière d'or, qui venait visiter les enfants du Monde du Milieu et distribuait dans leurs souliers cadeaux ou suie, en fonction des actions de chacun ? Il était le dieu blanc qui affronta son ennemi juré, le dieu fourbe Loki.....
Ces récits de traditions anciennes, qu'ils soient chrétiens ou païens, s'entrelacent et se répondent, témoignant de ce besoin universel de donner un sens aux forces qui nous traversent. Chaque figure mythique incarne des facettes duelles, ombre et lumière, rigueur et liberté, ordre et chaos, qui se rencontrent et s'équilibrent pour nous guider dans notre quête d'harmonie, surtout en ce temps où l'obscurité invite à redécouvrir la lumière
Voici venu le temps de l'hiver où la nuit grignote le jour. Dans l'obscurité, la Lumière se révèle plus belle que jamais. Dans le secret de notre vie intérieure, cette Lumière brille dans notre cœur. Elle est notre Étoile du Berger, celle qui montre le chemin. Avec Noël se côtoient des forces qui ne demandent qu'à se compléter afin de nous permettre de vivre nos vies dans toute leur richesse.
Noël, en nous rappelant la puissance de la lumière qui renaît, nous invite à reconnaître en nous-mêmes cette étincelle sacrée, à honorer nos forces intérieures et à embrasser nos fragilités comme un père bienveillant qui croit en nous.
Ces symboles et récits font partis de notre inconscient collectif et ils résonnent en chacun de nous, révélant des clés pour mieux se comprendre et avancer. C'est cette exploration que permet aussi le Tarot et le langage symbolique. Si vous souhaitez explorer votre histoire,je serais ravie de vous accompagner. ici
Commentaires